La culture de la basket : exclusivité, performance, et… tech ?

En 2017, le moteur de recherche de la mode Lyst a compté plus de 3 millions de recherches de baskets chaque mois. C’est plus que pour les sacs à main, l’accessoire ultime jusqu’aujourd’hui. Il semblerait que la basket s’établisse de plus en plus clairement comme un objet à part, une pièce de collection. Pas étonnant quand on voit par exemple les nombreuses collaborations de célébrités avec des marques de chaussures, à l’instar de Puma et Rihanna pour le modèle Fenty (la paire la plus recherchée sur Lyst), Kanye West et Adidas, Pharrell Williams et Adidas… Les collaborations entre marques de mode et de baskets fleurissent aussi, comme celle de Comme des Garçons et Nike, Adidas et Alexander Wang, ou encore Converse, Colette et Club 75.

Cela dit, les noms célèbres ne sont pas les seuls facteurs d’attraction vers les sneakers. Le design intelligent, les matériaux innovants, les possibilités de jouer avec le look d’une paire connectée sont autant de facteurs qui font de la basket un objet chéri.

 

L’exclusivité comme ADN

 

Fruit d’une collaboration entre Nike, Comme des Garçons et Supreme, une paire exceptionnelle d’Air Force One est sortie le 18 mai 2017. Bilan : sold out en une heure…

L’exclusivité, la rareté d’une paire ont toujours fait partie de la culture sneakers, où les collaborations ne sont d’ailleurs pas une nouveauté, en témoignent entre autres les Reebok S. Carter de Jay Z en 2002, ou encore les Superstar de RUN DMC et Adidas.

 

Cette course à l’unique peut expliquer les prix parfois affolants des baskets, dont la côte augmente avec le resell (la revente) — lui aussi partie intégrante de la culture sneakers. Le modèle NMD Human Race Burgundy F&F d’Adidas et Pharrell se vendait par exemple à 7 000€ en 2017 (F&F signifiant Friends and Family, élément de plus pour faire de la paire une rareté). Eminem quant à lui a vendu à $70 000 une paire de Air Jordan 4 Encore de sa propre collection.

 

Il existe même à Détroit une « Bourse » de baskets. StockX est une place de marché où s’échangent les paires neuves entre particuliers et collectionneurs (certains de renom, comme Eminem et Mark Wahlberg) selon des cours qui suivent des indices financiers (par marque, par modèle) … Le tout de façon parfaitement transparente, avec un contrôle minutieux de l’authenticité des paires. Car si certaines sont érigées en objets de collection, les contrefaçons sont courantes. Il arrive même que l’on vende des contrefaçons de modèles… Qui n’existent pas. On peut ainsi trouver sur le marché noir une paire de Gucci x Adidas, ou encore des Yeezy Boost (de Kanye West et Adidas) floquées Supreme qui n’ont jamais été éditées.

 

Des baskets encore plus rares et uniques grâce à la tech ?

 

La personnalisation à l’infini peut aussi se faire via des technologies orientées sur l’aspect visuel des chaussures. Pour l’instant, ces chaussures plus directement tech sont surtout le fait de start-ups, les grandes compagnies ne s’aventurant pas outre mesure sur le terrain ­— ces baskets, pas vraiment adaptées à la pratique sportive, ne sont pas leur cœur de métier.

 

Par exemple, les ShiftWear permettent au propriétaire de changer les motifs de ses chaussures au gré de ses envies, à partir d’une bibliothèque de modèles, dont des Gifs, directement accessible depuis son téléphone et en HD.

Shiftwear

 

Dans une mouvance plus interactive, certaines paires comportent des technologies qui savent réagir à l’environnement de celui qui les porte. Ainsi, la marque Orphe produit des chaussures équipées de LED qui réagissent aux mouvements de celui qui les porte. Elles réagissent aussi à la musique, et peuvent contrôler certains éléments musicaux.

Orphe

 

Encore plus complète, la start-up Vixole commercialise des e-sneakers customisables « à l’infini ». Sur un principe similaire aux ShiftWear, les chaussures sont équipées d’écrans LED flexibles qui peuvent s’animer, changer de motifs, etc… Elles sont d’autant plus customisables qu’elles sont équipées d’une API qui leur permet a priori de se connecter à une multitude d’apps. Au-delà du pur aspect visuel, les applications de ces chaussures semblent très diverses. Bien sûr, elles peuvent servir à exprimer un style unique, se faire remarquer, jouer à des jeux utilisant la VR, mais aussi diffuser un message politique, et surtout publicitaire…

 

L’industrie de la chaussure : en avance dans la tech mainstream ?

 

Qu’il s’agisse de matériaux ou de techniques de production, l’industrie de la basket n’a pas attendu pour révolutionner ses techniques. Et pour cause : la basket est à l’origine un produit pour sportifs, qui cherchent forcément à améliorer leurs performances, et ce grâce à des outils optimums.

 

Des chaussures adaptables et personnalisées, c’est depuis longtemps l’un des objectifs des départements R&D des grandes marques de baskets. L’Adidas Future Craft 4D a fait énormément de bruit. Imaginée à partir d’années de collecte de données d’athlètes, la paire est produite grâce à une technologie qui « transforme le liquide en matière solide ».

 

 

Au-delà des gros bonnets, de nombreux acteurs innovants produisent des baskets tech directement à l’usage des sportifs pointus. On peut par exemple citer les Altra IQ d’iFit, qui intègrent des senseurs qui collectent la force de l’impact des pieds sur le sol des coureurs. Une app sur leur téléphone leur permet d’adapter leur course au fur et à mesure. Il existe aussi des paires qui peuvent permettre d’améliorer la vie et la sécurité en cas d’handicap. Par exemple, la marque Lechal fabrique des chaussures et des semelles qui aident les mal- et non-voyants à naviguer grâce à des signaux sensitifs directement transmis à leurs pieds en cas de fausse route. De même, les Sneakairs permettent à leur famille de tracker les patients atteints d’Alzheimer.

Lechal Haptic

Nike a récemment fait du bruit avec sa technologie de semelles coussins, Nike Epic React. Au-delà de l’aspect technique, l’accessibilité de la technologie est intéressante : si les baskets ne sont pas spécialement financièrement accessibles, elles se retrouvent néanmoins sur le marché normal. Ce type de paires sont designées à partir des retours des coureurs, des besoins non seulement des athlètes de haut niveau, mais aussi des joggeurs du dimanche. La tech dans la chaussure se fait de plus en mainstream, en témoignent les mots du basketteur ultra-titré Michael Johnson pour highsnobiety : « tout le monde bénéficiera de [cette technologie] ».

 

L’œil de Look Forward

 

Si les collaborations sont avant tout un outil marketing, voué à s’essouffler à mesure qu’elles seront vécues de moins en moins comme de vrais « évènements », la basket n’a pas fini de faire parler d’elle. Pour l’instant véritable objet de collection, pièce de laquelle on peut tirer fierté et joie, la sneaker a vocation à devenir bien plus que ça. Elément phare de l’athleisure, les baskets des années à venir seront plus intelligentes et permettront d’aller plus loin à la fois dans le confort et les performances sportives, et dans le style en repoussant les frontières de la tech et la mode.

 

 

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