L’impression 3D, une nouvelle façon de consommer à l’avenir ?

Si l’impression 3D a très vite été popularisée, entrainée par de nombreux makers souhaitant imprimer des objets divers directement depuis chez eux ou dans un fablab, amenant à plus de 500,000 le nombre de ventes d’imprimantes grand public en 2016 (source: Le Monde), le vent a aujourd’hui tourné. Les ventes d’imprimantes BtoC ont tendance à ralentir, tandis que les industriels de tous secteurs (automobile, aéronautique, industrie mais aussi la mode) ont développé des nouvelles méthodes de travail et de nouveaux projets pour exploiter les promesses de ces technologies disruptives. Il faut dire que le marché de l’impression additive a augmenté de 25,9% en 2015, pour atteindre la valeur de 5,165 milliards de dollars, et suit une croissance d’environ 30% depuis quelques années déjà.

Aujourd’hui, nous vous proposons donc un bilan rapide de l’impression 3D dans les industries de la mode et du luxe. Et promis, on ne parlera pas du projet FutureCraft d’Adidas !

L’IMPRESSION 3D ET LE LUXE

« La 3D permet au luxe le retour à l’unicité, » soulignait Catherine Gorgé, Directrice Générale de Prodways, lors d’une table ronde sur le sujet à l’occasion du FashionTech Festival.

 

 

En effet, si les premières expérimentations étaient tout aussi impressionnantes que rares, porté par des artistes telles qu’Iris Van Herpen ou Behnaz Farahi, les technologies d’impression numériques sont aujourd’hui devenu de véritables leviers pour réenchanter la communication, les produits, l’expérience-client si particulière de l’industrie du luxe.

L’impression 3D s’apprête également à bouleverser le monde de l’accessoire: on l’utilise ainsi pour imprimer des moules aux motifs extrêmement fins et précis permettant de nouveaux designs de bijoux. Jweel, par exemple, un site internet qui propose à l’internaute de dessiner ses propres bijoux, ou de personnaliser des modèles existants qui seront ensuite imprimés en 3D.  Autre exemple, plus connu, la start-up française Gemmyo utilise l’impression 3D pour permettre à tous de personnaliser un bijou : l’internaute peut ainsi visualiser à son gré sur le site des milliers de combinaisons possibles avant de choisir sa préférée.

 

HORS DU LUXE, LE SUR-MESURE TECHNOLOGIQUE PEUT-IL ETRE ACCESSIBLE ?

 

Mais cette alliance entre impression 3D et personnalisation connait bien d’autres applications : True Gault, aux USA, propose des chaussures réalisés à la demande suite à un scan 3D de vos pieds, quand Scientifeet (startup française en partenariat avec Prodways) adopte une vision plus médicale, avec ses semelles sur-mesure corrigeant la posture.

 

Les semelles orthopédiques de Scientifeet

 

Enfin, nous ne pouvons pas ne pas citer Endeer, l’une de nos startups de notre saison 2, dans un tel article ! Incubée au sein de Look Forward depuis presqu’un an, cette startup cofondée par Claire Chabaud et Mathilde Alloin met l’impression 3D au service des femmes, en proposant des bonnets de soutien totalement sur-mesure car imprimé dans un polymère flexible. Avec à la clé, plus de maintien, de confort, mais également des risques réduits de développer un cancer du sein… L’impression 3D n’est donc pas qu’une occasion de personnaliser des pièces, mais aussi d’enrichir les textiles et habits d’aujourd’hui dans un but médical, ou pour adopter un mode de vie plus sain.

 

DES FREINS RESTENT A LEVER POUR IMPRIMER SOI-MEME SES VETEMENTS

 

La problématique majeure lorsque l’on parle d’imprimantes 3D et des vêtements reste la matière première. Si des expérimentations ont actuellement lieu sur de nombreux matériaux (bois, bronze), les matières textile telles que le coton, le lin, reste aujourd’hui très peu exploités. Hors, si l’on peut aujourd’hui personnaliser des accessoires, l’impression 3D de vêtements restent aujourd’hui un objectif à long-terme.

Plus que les matières rentrant en jeu, la technologie doit aussi s’affiner pour pouvoir permettre aux créateurs de s’approprier et d’expérimenter l’impression 3D. Si on se souvient toujours des premiers objets imprimés, aux finitions rugueuses et peu précises, de nombreux efforts ont déjà été entrepris : des innovations radicales telles que l’impression par photopolymerisation (en place de l’extrusion) sont apparues dans les 3 dernières années, permettant notamment :

  • Une précision rarement atteinte s’approchant du tissage de fils,
  • Des matières plus flexibles, avec un toucher plus doux, correspondant plus à des objets portés
  • Une réduction drastique des délais de production.

 

Impression par technologie clip
La technologie CLIP révolutionne l’impression 3D

 

Cependant l’impression 3D reste, dans le cas de larges collections, bien plus lente que le thermo-moulage…

Plusieurs autres freins existent toujours, au-delà même du prix des matériaux, dans la tête des consommateurs : ainsi, le terme-même d’impression 3D reste un terme peu usité, qui peut faire peur et intrigue les non-technophiles. De plus, la démocratisation de ces technologies via les imprimantes personnelles a certes connu un beau succès, mais également incliné les consommateurs à penser que les produits issus de l’impression 3D restaient « amateurs », avec une finition qui peut laisser à désirer… C’est ici que se trouve tout l’enjeu des startups et grandes entreprises citées au-dessus : réussi à convaincre de l’intérêt et de la qualité des objets imprimés en 3D.

 

La veste imprimée en 3D de l’israélienne Danit Peleg

 

Danit Peleg, l’une des pionnières dans l’impression de véritables vêtements, a ainsi lancé il y a 3 mois la première collection personnalisable et imprimable en 3D. Mais à 1500€ la veste, les usages et matières doivent encore se démocratiser avant de pouvoir imaginer un monde où imprimer ses vêtements chez soi est une réalité pour tous…

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